Conférence sur A. Schoeffler

(1912) [1]

Messieurs,

Au mois de décembre dernier (1911), la municipalité de Nancy, sur la proposition d'un de ses membres, M. Xardel, décidait, à l'unanimité, de donner à une des nouvelles artères de la ville, le nom de "rue Schoeffler". En lisant cette information dans les journaux locaux, beaucoup de nancéiens, et il en est certainement parmi vous, ont dû se demander quel était ce Schoeffler, ce qu'il avait fait, quelle gloire il avait fait rejaillir sur Nancy, pour que nos édiles aient jugé bon de donner à son nom tant de relief et, si je puis m'exprimer ainsi, une garantie d'immortalité.

MM. Celui que la municipalité a voulu ainsi honorer est un humble prêtre lorrain de notre diocèse : missionnaire et martyr, le Bx Augustin Schoeffler. Sans doute, il n' a pas la célébrité de tant d'autres illustrations lorraines, du Card. Mathieu, par ex., dont on vous a parlé dernièrement. Mais enfin, il nous touche de très près, malgré tout, car Augustin Schoeffler fut élève au Gd Séminaire de Nancy ; il est même le seul élève du Séminaire que l'Eglise ait placé sur les autels et proclamé Bienheureux. Et vous comprenez combien nous sommes fiers de notre illustre aîné, combien nous aimons à contempler sa physionomie, à nous remémorer son histoire, et à redire sa vie à ceux qui ne la connaissent pas encore.

Aussi, MM., vous m'excuserez, si pour sa propre glorification et notre commune édification, j'essaye d'esquisser à grands traits le caractère de cet apôtre et les principales étapes de cette courte vie d'étudiant et de missionnaire, consommée par le martyre. Et vous direz avec moi un cordial merci à la municipalité de Nancy qui bien loin de donner à nos rues comme cela se voit trop fréquemment hélàs, dans beaucoup de villes, les noms d'athées notoires ou d'écrivains impies et pornographes, sait glorifier le vrai mérite, et quand l'occasion s'en présente, a le courage, car il en faut pour agir ainsi, de désigner une des rues de la ville, du nom d'un prêtre, d'un martyr, d'un Bienheureux de l'Eglise catholique.


I

Augustin Schoeffler naquit le 22 nov. 1882 à Mittelbronn, assez gros village de la Lorraine, aujourd'hui annexée, mais qui faisait alors partie du département de la Meurthe et du diocèse de Nancy. Ses premières années se passèrent dans ce village. Son père, instituteur à Mittelbronn, résigna peu après ses fonctions et vint habiter avec sa famille à Phalsbourg, son pays d'origine. Dans cette petite place de guerre, que Napoléon I, bon juge en fait de bravoure, se plaisait à nommer la pépinière des brave, notre futur martyr retrouva son grand père paternel, un vieux grognard, survivant des guerres impériales qui se plut à l'élever au son du clairon et à lui donner, dit le chanoine Mangenot, son biographe, "je ne sais quelle allure martiale dont tous ses contemporains ont conservé le souvenir".

Augustin vint se préparer à la Première Communion et commencer ses études de latin chez son oncle, l'abbé Schoeffler, curé d'Arraye, dans le canton de Nomeny. Plusieurs personnes d'Arraye qui vivaient encore il y a quelques années ont gardé très vivant dans leur mémoire le souvenir du jeune Augustin. D'après leurs dires, rien ne distinguait le futur Bienheureux de ses petits compagnons, sauf peut-être sa gaieté et son espièglerie. Une de ses compagnes de 1ère Communion racontait ainsi ses souvenirs en 1893 à M. le curé de St Nicolas, M. le chanoine Beugnet, alors professeur au Grand Séminaire.

"Le petit Schoeffler était un bon enfant, de taille moyenne, avec une belle tête noire. Il avait bon coeur : j'ai été malade et j'ai du faire ma première Communion dans mon lit. Augustin venait me consoler et m'apportait souvent du dessert, des gâteaux, des fruits. Mais c'était un boute-en-train. Il n'avait pas son pareil pour nous amuser." Et elle racontait l'anecdote suivante, qui était restée gravée dans sa mémoire : "Un jour que nous avons été laissés sans surveillance à l'Eglise, Augustin Schoeffler profita pour faire un tapage de 1er ordre : sautant par dessus les bancs, nous taquinant, et nous faisant rire aux éclats. Mais quand son oncle revint, aussitôt il redevint sage et tranquille. Certes - ajoutait la narratrice - si on m'avait dit dans ce temps-là que le petit Schoeffler deviendrait curé et même saint, jamais je n'aurais voulu le croire."

C'est qu'en effet rien jusqu'alors ne laissait deviner les grands desseins de Dieu sur celui qu'Il avait choisi. Il faut dire la même chose de son passage au Petit Séminaire de Pont-à-Mousson où Augustin Schoeffler resta quatre ans : de 1837 à 1841. Sur les registres de la maison, il est noté comme un élève ordinaire, sans qualités brillantes. Il ne remporte que peu de succès. D'ailleurs les classes étaient nombreuses à cette époque, environ 90 par cours. Le Bx Schoeffler tenait son rang dans les 25 premiers. Un de ses professeurs a tracé son portrait dans ces quelques mots qu'il a soulignés : "Augustin est un bon enfant : très gai, très mouvementé. Pour le reste, rien de bien caractérisé dans sa vie de séminariste".

Le 4 novembre 1842, Augustin Schoeffler entrait au Gd Séminaire de Nancy ; sa vocation ecclésiastique avait été l'année précédente soumise à une petite épreuve : ses parents l'avaient en effet retiré du Petit Séminaire de Pnt-à-Mousson, et placé au collège de Phalsbourg pour y terminer ses études. Leur intention était d'en faire un officier. Mais l'attrait pour le sacerdoce persistait en son âme, et il obtint de ses parents d'entrer au Gd Séminaire. Ce n'est pas le seul obstacle qu'il aura à surmonter pour suivre sa vocation, et quand quelques années plus tard il voudra répondre à l'appel de Dieu qui le veut aux Missions, Augustin Schoeffler aura à supporter bien des tracas et de nombreuses épreuves.

Quand il entra au Gd Séminaire, Schoeffler avait 20 ans, d'une taille un peu au dessus de la moyenne, il était fort et vigoureux, ses traits fortement accusés, plutôt durs et anguleux que doux et arrondis, exprimaient l'ardeur et la résolution. Au point de vue de l'intelligence, sans doute, il était loin d'être un aigle, se faisant remarquer de tous par ses qualités brillantes. Mais point n'est besoin de cela pour devenir un Saint. Dieu ne nous demandera compte, au jugement, que des seuls talents qu'il nous a départis. Nous devons uniquement les mettre en valeur, de notre mieux. C'est ce que fit le Bienheureux Schoeffler. Il était bien doué, sans être, je le répète, un brillant élève, il avait une bonne moyenne de talents, et tenait le milieu de sa classe, grâce à son travail soutenu et consciencieux. C'était, disaient ses condisciples, "un bûcheur". On peut s'en apercevoir quand on examine ses cahiers de philosophie que l'on a conservés au Gd Séminaire, et que l'on a pieusement enfermés dans une belle châsse, avec ses autres reliques. Ils sont couverts d'annotations qui témoignent de son assiduïté et de son application au travail.

De race alsacienne, Schoeffler avait vraiment le tempérament alsacien : caractère ardent, plutôt militaire qu'apostolique, allant difficilement de l'avant, mais une fois décidé à faire telle ou telle chose, marchand tout droit à son but, sans tourner la tête, sans expliquer ses raisons, sans craindre les heurts, les obstacles qui peuvent survenir. Mais avant tout, Schoeffler était bon et pieux. Il était, comme on dit, un bon camarade, présentant, surtout pour ceux qui, timides et nouveaux dans la maison, avaient besoin d'encouragement, il allait vers eux et s'en faisait des amis. En un mot, au séminaire comme en vacances, le Bx Schoeffler était le confrère qu'on estimait et qu'on aimait à cause de sa bonté, un peu rude parfois, mais sincère. Il était pieux. Imagine-t-on sans la piété un futur missionnaire, un futur martyr ? Dans ces premières années de Gd Séminaire, sa piété était plus intérieure qu'extérieure. On ne la voyait pas se manifester au dehors. Cependant, elle devint fervente et expansive aux approches de l'engagement défintif du sous-diaconat et se manifesta par des communions très fréquentes. Dans le lointain de leurs souvenirs, les condisciples de l'abbé Schoeffler se souviennent qu'à partir de ce moment, il fit le chemin de croix chaque semaine, certains disent même tous les jours. C'est à cette époque qu'il prononça cette parole recueillie par une mémoire fidèle : "Si l'on méditait la Passion de N.S. tous les jours pendant deux ans, on serait capable de tous les sacrifices, même du martyre". S'il parlait ainsi, c'est que dès cette époque, il était fixé sur sa vraie vocation. Désormais, le missionnaire sa dessina nettement en lui. Il tint moins caché le secret de sa pensée ; il chercha même à recruter des compagnons d'apostolat, ne dissimulant ni à lui, ni aux autres la perspective du martyre, qui paraissait le mettre en grande joie. Il prêcha aussi d'exemple. Jusque là, séminariste ordinaire, plutôt ardent, gai et joyeux que recueilli, calme et tranquille ; ne se faisant pas scrupule d'une causerie passagère en temps défendu, Schoeffler fut désormais un séminariste exemplaire, édifiant par toute sa conduite et sa fidélité à observer la règle, ses condisciples qui admiraient le changement soudainement produit.

Ainsi se passèrent, dans le calme, le travail et la prière ses trois premières années au Gd Séminaire de Nancy. Mais binetôt, va venir le moment des épreuves et des douleurs morales. Après le sous-diaconat, l'appel de Dieu se fit entendre plus fort et plus vibrant que jamais au jeune lévite. Il fallait partir aux Missions. Sur le conseil de son directeur, il s'en ouvre à ses parents afin d'obtenir leur consentement. C'est là, il faut le dire, le plus rude obstacle que Schoeffler va avoir à surmonter avant de suivre sa vocation. Je ne puis résister à la tentation que j'ai de vous lire quelques passages des lettres que le futur missionnaire écrit à un de ses amis, à ce sujet. Là, il se dévoile complètement : il nous fait voir sa profonde et vive piété, son ardeur, parfois sa gaieté native, mais surtout sa ferme volonté que rien n'abat, qu'aucun obstacle ne décourage. Son devoir lui est tracé par Dieu, il lui suivra coûte que coûte, dût-il pour cela se torturer le coeur, causer de la peine à ses parents éplorés. C'est un précepte - dit-il - Dieu m'appelle, je dois obéir à tout prix.

1° à l'abbé Stricher, Finot, page 32

2° idem, idem, page 37.

3° à ses tantes, il écrit pour leur annoncer son départ. Pour atténuer la peine qu'il sait devoir leur causer, il raconte d'une façon humoristique tous les avantages qu'il va trouver en pays de mission (Semaine p. 559-560).

A ce dernier trait, on reconnait bien le caractère enjoué des vrais missionnaires. Tous se moquent de la mort, ils y vont comme à une fête : au lieu de les éloigner, il semble que le martyre les attire. Un jour, un de ses amis dit à Schoeffler : "Vous allez au Tonkin, vous savez (qu') on y tue, on y massacre !" Celui-ci répondit avec rondeur : "Oh ! Pour cela , vous savez, mourir, je m'en moque !" Ce mot n'est qu'un pâle équivalent de celui qu'employa sa franchise lorraine.

A la fin de cette année scolaire 1845-1846, l'abbé Schoeffler quittait le Séminaire de Nancy pour n'y plus reparaître. Un jour, 54 ans plus tard, on devait rapporter dans cette maison qui l'abrita durant quatre années, quelques reliques, des fragments de ses ossements, du linge trempé dans son sang, un morceau des liens que porta le martyr. La dernière chambre qu'il avait occupée(au n° 12 du retour du bâtiment St Charles) fut alors transformée en chapelle pour y recevoir la châsse du Bienheureux. Dans cette cellule, sanctifiée par le passage d'un saint, les séminaristes aimaient à aller prier leur glorieux devancier, demander à Dieu par son intercession un zèle et un amour des âmes semblables à ceux qu'il avait ressentis.

Depuis le 13 décembre 1909 ( ? à vérifier), vous le savez, époque à laquelle nous fûmes expulsés du séminaire, la cellule du martyr reste déserte, et ses reliques, après bien des changements successifs, reposent, honorées, dans une des chapelles de la Chartreuse de Bosserville, aujourd'hui séminaire diocésain.

Les vacances de l'année 1846 allaient se terminer, l'abbé Schoeffler avait reçu de l'Evêque de Nancy la permsission de quitter le diocèse, il était attendu au Séminaire des Missions Etrangères. Seuls ses parents n'avaient pas donné la réponse définitive. Fort de l'appel certain de Dieu, assuré qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. Augustin Schoeffler ne fit à ses parents que des adieux ordinaires, il leur laissa croire qu'il rentrait au Séminaire de Nancy. Puis de Phalsbourg, il alla vers Mittelbronn, prier une dernière fois dans l'Eglise de son Baptême. Accompagné d'un prêtre de ses amis, il se dirige vers Lixheim. Alors à un détour du chemin, brusquant la séparation définitive : " M. le Curé, dit-il les larmes aux yeux, à son ami, veuillez dire à mes parents qu'ils ne me reverront plus jamais. Je vais aux Missions." Quelques instants après, Augustin Schoeffler prenait seul le chemin de Lixheim. Le voyage était commencé qui allait aboutir au martyre.


II

En octobre 1846, l'abbé Schoeffler entre donc au Séminaire des Missions Etrangères où il ne resta qu'une seule année. Cette année, il la passe dans la tranquillité et la joie, dans le désir du martyr surtout, à se préparer le mieux possible à la rude vie de missionnaire. Sans doute, il a encore à subir des assauts de la part de sa famille. Plusieurs fois, son père écrit au Supérieur des Missions Etrangères pour que son fils restât en France. Il avait trouvé que les dernières lettres d'Augustin semblaient respirer la tristesse et la mélancolie. De là à dire que l'aspirant missionnaire n'est pas à sa place aux Missions, il n'y avait qu'un pas, qui fut vite franchi. Voici comment l'abbé Schoeffler répond à cette insinuation. Après avoir demandé formellement que pareille instance pour le faire demeurer en France ne se renouvelle pas, il ajoute (Finot page 45). Il lui faut une vie active, mais où l'exercer, une fois prêtre, où sera-t-il envoyé ? (Semaine page 630).

Enfin, au mois de juin 1847, il reçoit la prêtrise, et quelques heures après, on lui apprend qu'il est envoyé au Tonkin. Voici comment il apprend cette bonne nouvelle à un professeur du Séminaire de Nancy (Finot page 53).

Le 18 septembre, il devait embarquer à Anvers, mais par suite d'un contretemps qui apporta sans doute à l'ardent missionnaire quelque contrariété, il resta deux mois encore en Europe (Finot page 57). Enfin, il vogue vers le Tonkin. Son journal de bord ne fait que répéter ce qu'il vient de dire : il y est toujours question du plaisir que cause au missionnaire l'annonce de la reprise de la persécution, du petit coup de sabre, qui plairait tant; d'un petit verre de sang qu'on voudrait répandre pour Dieu, mais qu'on ose pas espérer verser. Au mois d'avril 1848, le Père Schoeffler débarquait à Hong Kong, colonie anglaise sur l'océan Pacifique au nord de la ville de Canton. Il en profite pour écrire à ses amis d'Europe quelques détails sur l'état politique du Tonkin. "Le roi Thieu-Tri, qui avait déchaîné la persécution, venait de mourir en 1847, laissant le royaume à son fils, jeune homme de 19 ans qui cherchait à se maintenir sur le trône, et laissait en paix les chrétiens. Ce jeune homme avait nom Tu-Duc. L'accalmie qu'entrevoyait Schoeffler ne devait pas durer longtemps. Quelques mois après, le nouveau Roi lançait contre les chrétiens un furieux édit de persécution, dont les dispositions, neutralisées par les circonstances, devaient avoir leur plein effet deux ans plus tard. Voici cet édit (Finot p. 74). La persécution de Tu-Duc devait être la plus sanglante de toutes celles qui avaient désolé le Tonkin et le Père Schoeffler devait en être la première victime.

Après quelques mois de séjour à Hong Kong, Schoeffler partit avec ses guides pour sa mission. En route, il fut sur le point de tomber entre les mains de brigands, auxquels il dût abandonner une partie de ses bagages. Enfin, après des péripéties sans nombre, il arriva à Ban-Phêt, chef lieu de sa mission, le 6 juillet 1848, un an après sa sortie de France. Et commençait aussitôt son apostolat. Je ne puis, malgré mon désir, vous rapporter toutes les tribulations, les souffrances, le travail acharné du Père Schoeffler. Durant les deux années qu'il passa dans sa mission : j'ai hâte d'arriver à son martyre. Qu'il me suffise de vous lire les quelques lignes que lui consacra Mgr Retord, son évêque, grand évêque missionnaire s'il en fût, qui eut la douleur de voir son troupeau dévasté par la persécution, presque tous ses prêtres, européens et annamites, frappés par le sabre du bourreau et glorifiés par le martyre, et qui resta presque seul, après la persécution de Tu-Duc. Il écrivait ces lignes, à la nouvelle de la mort du Père Schoeffler (Finot, page 78).

Quelques jours après, les manants mettaient la main sur lui. Dénoncé par un païen qui voulait gagner la prime de 30 barres d'argent promise à ceux qui feraient arrêter un missionnaire européen, le Père Schoeffler fut saisi dans une de ses courses apostoliques avec quatre de ses chrétiens. Pour le laisser en liberté, on lui demande une rançon de 9400 F (?). Le Père envoya ceux qui étaient prisonniers avec lui pour la recueillir, mais comme ils l'apportaient, ceux-ci apprirent de source certaine que le mandarin était résolu à garder l'argent et le prisonnier, ils rebroussèrent donc chemin , laissant en prison le Père Schoeffler, tout heureux d'être jugé digne de souffrir pour le Christ (Finot, p. 119).

Sur la demande des Missions Etrangères, le Pape Pie IX introduisit la cause de béatification du Père Schoeffler et de 51 autres martyrs d'Indochine en 1857. Léon XIII, en 1898, décida que l'enquête à ce sujet était suffisante et le 27 mai 1900 s'accomplit à Rome la cérémonie de la Béatification des nouveaux martyrs. Le 19 juin 1900, le Séminaire de Nancy célébrait le plus solennellement qu'il fut, ce fait jusque-là inouï dans les fastes de son histoire, la mise sur les autels de son élève, le Bx Schoeffler. Fête splendide, dont peut-être quelques uns d'entre vous se souviennent encore.

Et maintenant, MM., je ne m'appesantirai point sur les réflexions que peut suggérer la vie si courte, si abondamment remplie du Bx Schoeffler. J'ai simplement voulu vous retracer brièvement, tant pour sa gloire que pour votre édification, l'histoire d'un saint compatriote presque entièrement inconnu. Heureux serai-je si j'ai pu atteindre mon but et vous édifier en vous intéressant.

Cependant, je veux encore insister sur ce point : le Bx Schoeffler fut, à part sa vocation et son martyr, un homme comme nous, ayant le même caractère, le même tempérament que la plupart d'entre nous, puisqu'il était de notre race. Ce qu'il a fait, nous pouvons donc le faire. Dieu ne nous demande pas le témoignage de notre sang ; mais à tout chrétien, il demande le témoignage de la vertu. Eh bien, MM. rendons à Dieu ce témoignage, employons à ce but toutes nos facultés. On nous reproche souvent à nous Lorrains Alsaciens d'être têtus, de suivre coûte que coûte nos idées et nos opinions. Eh bien ! soyons sans crainte têtus dans le bien, ayons le courage de nos opinions chrétiennes, suivons coûte que coûte les enseignements religieux qui nous sont donnés sans peur du respect humain et des railleries des méchants. Il faut du courage (pour) être têtu dans ce sens.

MM. Invoquons souvent le Bienheureux Schoeffler. Il est notre martyr, le martyr de chez nous. A cause de cela, il se doit à lui-même de nous exaucer, aussi demandons lui d'être toujours, comme il le fut, ferme et vaillant dans votre foi, chrétiens sans peur comme aussi sans reproche.

Puisse le Bx Aug. Schoeffler, Fils de Lorraine et Martyr du Christ garder toujours notre Lorraine docile à l'Evangle et à l'Eglise et fidèle à Jésus Christ.




[1] Auteur inconnu. Document manuscrit trouvé dans un exemplaire de Finot ayant appartenu à l'abbé Partoy, puis à l'abbé Chenot.


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