Mon sujet évoque le militaire sous l'ancien régime, particulièrement le XVII ème et le XVIII ème Siècle. Cependant, je n'étudie qu'un seul aspect du militaire, son comportement par rapport à sa religion ; j'analyse si le soldat était pieux, s'il respectait les temps clos, le fait d'aller régulièrement à la messe, se confesser ; bref en un mot, s'il honorait Dieu. Pour l'élaboration de mon mémoire, étant donné que mon sujet est d'ordre religieux, l'essentiel de mes sources se trouvent au Séminaire.
Dans le cadre de mon travail de recherche, j'ai utilisé de nombreuses oeuvres, de sources de première main, tels que les ouvrages de l'Abbé Pierre Louis BOSSU avec son Manuel du militaire chrétien ( 1796 ), celle de Saint GERMAIN , avec L'examen général de tous les États et Conditions et des Péchés que l'on peut y commettre ( 1724 ) ou celle de l'Abbé de MAUGRE avec Le militaire chrétien (1779) .
Ainsi la grande majorité de mes sources, c'est-à-dire d'œuvres d époque me permettant de fonder ma recherche, se trouve à la Bibliothèque du Grand Séminaire. Les productions de l'Abbé de Maugré, de St Germain, de Bossu sont le ciment de ma recherche.

 

En premier lieu, je vais présenter l'auteur Pierre Louis Bossu :
L'Abbé Pierre Louis Bossu donne dans son Manuel du militaire chrétien sa vision du soldat au XVIII ème siècle . Cet Abbé est connu pour avoir été le confesseur de Louis XVI (1774 - 1793), mais aussi son prédicateur. A ces débuts, il fut nommé curé de St Paul à Paris et assista le Marquis de Favras lors de son exécution. Le marquis fut décapité en 1790, c'était un royaliste aspirant à remettre en ordre le déficit de l'Etat. Ajouter au climat révolutionnaire, il fut emprisonné à la fin de l'année 1789, puis pendu le 19 février comme conspirateur. Ainsi Favras servit d'exemple pour tous les contres révolutionnaires.

L'abbé Bossu fait parti de ces ecclésiastiques qui ont refusé de jurer au Serment de la Constitution Civile du Clergé. Ce décret fut voté par l'Assemblée Constituante le 12 juillet 1790 mais fut sanctionné par le roi Louis XVI le 24 Août. Cette loi consistait à organiser le clergé séculier ( évêque, curé É régulier : ceux qui sont agrégé à une communauté et suivent des règles) selon les normes de l'organisation administrative et gallicane (= doctrine qui cherche à assurer l'autonomie de l'Eglise de France au sein de l'Eglise catholique et précise son statut face au pouvoir monarchique)
Cette constitution pensait à revenir vers une Eglise primitive, apostolique étant donné les nombreux ajouts effectués par l'Eglise du Moyen Age, avec des ecclésiastiques qui seraient nommés par des citoyens actifs. Cette loi a provoqué un schisme entre les prêtres réfractaires dont Bossu et les prêtres constitutionnels. Bossu défendit sa position à travers sa publication : Justification de Mr le Curé de St Paul.
De plus avec son œuvre concernant les soldats, Bossu se permet de critiquer la société ; ainsi pour couper court à ses réclamations, on le nomma curé de St Eustache et mourut en 1830. Cet auteur est connu pour avoir écrit des discours, des pièces religieuses en politique et une oraison funèbre en l'honneur du Président d'Ormesson en 1789.

 

En seconde partie, je vais dresser une liste du devoir du soldat et de ses vices. Les ouvrages m'ont donc appris les rapports entre le soldat et la religion.
Le soldat du XVIII ème se caractérise par de nombreux vices tels que l'absence de pratiques religieuses, l'irrespect de la messe (on passe de la musique pendant l'office, les soldats louent Dieu avec des instrument de guerre comme la trompette qui d'habitude sert rallier les troupes. Ils vont même jusqu'à plus respecté un son de tambour qu'un son de cloche ). Ils ne fréquentent pas ou peu l'église ou ne se confessent pas. Ajouté à cela, l'absence de modération dans la consommation d'alcool (l'excès d'alcool selon les auteurs transformerait le visage de l'ivrogne en une tête rouge, couverte de pustules et provoquant des maladies comme la goûte et la gravelle (Maladie souvent héréditaire due à un excès d'acide urique dans l'organisme et caractérisée par des accès inflammatoires aigus très douloureux touchant principalement les articulations, notamment celle du gros orteil). On a un proverbe résumant bien cette idée selon Littré, je cite, " La goutte vient de la goutte " et serait causé par l'intempérance dans la boisson. Le guerrier est aussi très gourmand et idolâtre plutôt le Dieu de leur ventre que le Dieu tout puissant, sont libertins ; et aussi de nombreuses fois, ils abusent de leur grade, de leur rang en faisant de la contrebande, en volant les paysans. Maugré les considère même comme des barbares pillant les maisons, et dévastant les héritages.

Ensuite, après avoir critiqué les abus des soldats, les auteurs se permettent de donner des modèles de militaires chrétiens avec les différents comportements à adopter : avant de s'engager ou dans la caserne puis donnent l'exemple de soldats martyrs, ou de roi Saint comme Charlemagne ou St Louis. Certains vont même jusqu'à donner à la fin du livre, des exemples de prières pour toutes les actions principales d'un soldat. Si un guerrier mourait, un autre soldat arrivait près de son corps en récitant une prière Bossu recommande cette prière, je cite " Dieu des vivants et des morts, vous voyez en ce moment des Guerriers assemblés autour de leurs frères d'armes que le trépas vient de frapper. Il a plus redouté vos jugements, Seigneur, que le tombeau. Il est mort en vous aimant, et dans la douleur de ses péchés. Puissent ces deux sentiments vous rendre propice aux vœux que, sur le bord de son tombeau, nous vous adressons pour lui. " ou " Nous vous recommandons, Seigneur, l'âme de votre serviteur, afin qu'en sortant de ce monde, il vive pour vous, et nous conjurons votre miséricorde de lui pardonner tous les péchés que la fragilité humaine lui a fait commettre. Nous vous en supplions par Jésus-Christ notre Seigneur. Ainsi soit-il. ". Il existe aussi des prières, des oraisons pour le soir particulièrement lorsque le soldat, faisant une rétrospective de sa journée et qui prend conscience des fautes commises (dans la journée).

 

Mais le guerrier n'a pas que des devoirs envers la religion à respecter, son but premier est de protéger sa Nation, sa Patrie.
Lorsqu'il rejoint l'étendard, il fait sermon d'obéir au roi et par conséquent à Dieu. ( Le roi étant le représentant de Dieu sur la terre, c'est le dépositaire). Bossu dans son ouvrages énonce même le serment de fidélité que les soldats ont juré de respecter et offre un exemple de prière dédiée au monarque. Dans ce serment, le soldat promet de ne pas nuire aux intérêts du roi et de la Patrie sinon il deviendrai le perturbateur même de l'ordre de Dieu. Il jure fidélité, obéissance et lui assure de toujours lui appartenir. Le guerrier doit défendre la veuve et l'orphelin, combattre, défendre le pays contre tous les ennemis hérétiques ou autres. L'armée peut servir de refuge pour les personnes ayant une situation précaire ( on a beaucoup d'orphelins, enfants illégitimes et abandonnés). Cette société du XVIII ème est en crise due aux différentes affaires qui ont touché particulièrement les religieux. La crise du Jansénisme en est l'exemple même : la difficile acceptation de la Bulle Unigénitus (1713), condamnant la doctrine Janséniste ou l'affaire des Billets de Confession refusait tout sacrement.(dans la majorité des cas c'était l'extrême onction donnée au dernier mourant). En effet si une personne n'avait pas reçu de billet de confession délivré par un prêtre approuvé, il ne pouvait pas recevoir de sacrement.

Malgré tout, même si ces livres authentiques sont très important, l'utilisation d'autres ouvrages permet d'approfondir le sujet.
Les sermons religieux en sont l'exemple même, c'est pourquoi je vais les étudier.
La bibliothèque Diocésaine a la chance de posséder la remarquable collection des Orateurs Sacrés, collection qui ne se trouve dans l'Est, qu'à Strasbourg ou bien évidemment à Paris. Ce recueil regroupe tous les sermons prononcés du XVII ème au XIX ème avec de grandes personnes comme P.V. Houdry, le R.P. Lingendes, homme du XVII ème siècle ayant prêché toute sa vie et connu un succès constant en tant qu'orateur, Chevassu, ou le père Bourdaloue. Quelques uns de ces sermons ont été très utiles dans le cadre de ma recherche. Pour exemple, le sermon concernant les duels du R.P. Lingendes. Le duel est la vengeance la plus funeste pour celui -ci. Il fut introduit en premier chez les nobles pour conserver leur honneur. Le duel est considéré comme un crime, un pêché mortel. Tout duel résulte de deux bêtes féroces revêtus de la forme humaine cherchant réciproquement à se donner la mort . Le sermon de De Boulogne sur la Bénédiction des Drapeaux (1816) m'a été utile également. Lors de cette cérémonie prononcée dans la cathédrale de Troyes, le soldat doit prendre conscience de la forte alliance existante entre le trône et l'autel. Le soldat promet de ne pas séparer l'honneur et la foi ; la piété et le courage et de se montrer autant chrétien que soldat. On cite de grands capitaines ayant des vertus guerrières comme St Georges, capitaine de cavalerie sous Dioclétien ( soldat martyr ayant fait confession publique de sa foi III-IV ème), des frères Macchabées avec le prêtre Eléazar ou Du Guesclin (connétable du roi Charles V, héros de la guerre de Cent ans [1320-1380] contre les Anglais) " le soldat qui sait souffrir est plus grand que celui qui sait vaincre " selon Bossu.

 

Pour conclure
Sans ces différentes œuvres, en particulier les originaux d'époque, je n'aurai pas eu la possibilité d'effectuer ce sujet de mémoire c'est pourquoi je remercie la bibliothèque du Grand Séminaire. La richesse de celle-ci, l'abondance de ses ouvrages permet d'ouvrir sur de nombreux nouveaux sujets de recherche.
La bibliothèque est gérée par un personnel adapté, compétent, permettant de renseigner, de mieux orienter l'étudiant, le professeur, l'intéressé dans sa recherche. La bonne ambiance régnant au sein de ce lieu permet à chacun de travailler de façon agréable. On bénéficie donc d'une bibliothèque riche dans tous les sens du terme.
Pour finir, je tiens à remercier la générosité des nombreux donateurs. Au fil des années, la bibliothèque du Grand Séminaire s'est augmentée par de nombreux legs provenant pour la plus grande majorité des prêtres. Son fonds de livres anciens est très important avec plus de 50 000 livres antérieurs à 1810, permettant ainsi de constituer, d'apporter au fil du temps une remarquable quantité d'oeuvres précieuses faisant ainsi de la bibliothèque Diocésaine un véritable espace de savoir.

FERRANDON Clotilde (étudiante en histoire à Nancy II)