Les imprimés évoluent peu par rapport aux incunables au début du XVIe siècle. Les caractères métalliques ne remplacent pas immédiatement les titres manuscrits ou la numérotation manuscrite des pages; de même les ouvrages continuent souvent, durant la première moitié du XVIe siècle, à être ornés de lettrines et de miniatures peintes à la main, dans la tradition médiévale (Missel de Paris, 1550).

Peu à peu cependant, des progrès de mise en page sont réalisés, avec séparation des chapitres, alinéas, retours à la ligne, espaces blancs, titres de chapitres... D'autre part les petits formats (initiés avec l'in octavo d'Alde Manuce à la fin du XVe) se répandent; on en vient à éditer des petits in-12. Tout ceci a pour ambition d'améliorer l'accessibilité, la prise en main et la lisibilité de l'ouvrage.

Le livre imprimé se distingue de plus en plus du manuscrit tant sur le plan formel qu'au niveau de l'usage qui en est fait. La séparation en chapitres permet au lecteur de s'arrêter en fin de chapitre pour prendre le temps de mener une réflexion plus approfondie, une lecture plus critique que lors de la lecture d'un texte monolithique. C'est ainsi que le rapport à l'écrit change; on ne lit plus de la même manière que pendant l'Antiquité ou qu'au Moyen Age. Le texte écrit perd ainsi de son caractère sacré et incontestable, au moment même où se développent des ouvrages de controverses autour notamment de la Réforme Protestante. Le contenu du livre devient critiquable; mais son prix toujours prohibitif le rend peu accessible et très prestigieux (on estime qu'un livre imprimé coûte l'équivalent d'un an de salaire d'un manoeuvre au début du XVIe s, et un mois de salaire à la fin du siècle).