La Nancéïde (Liber Nanceidos)

La Nancéïde (Liber Nanceidos) est l'oeuvre de Pierre de Blarru (1437-1508), un homme aux multiples talents: poète, professeur de droit à Angers, conseiller du duc de Lorraine René II, chanoine, gouverneur de l'Hôpital Notre Dame de Nancy (avant qu'il ne soit confié aux Religieuses de Sainte Elisabeth dites Soeurs Grises) situé dans le faubourg Saint Nicolas de l'époque, c'est à dire dans l'actuelle rue des Dominicains.

La Nancéïde est son oeuvre maitresse. Ce poème latin fut rédigé à Saint Dié, à la fin de sa vie. Le Musée Lorrain conserve une version manuscrite enluminée; la Bibliothèque Diocésaine de Nancy dispose quant à elle d'un très bel exemplaire de la première impression en 1518 à Saint Nicolas de Port, par Pierre Jacobi.

La Nancéïde raconte sur le mode de l'épopée la guerre qui opposa René II à Charles le Téméraire, et plus particulièrement la bataille de Nancy de 1477 où ce dernier trouva la mort. Le texte peut être étudié grâce à la réédition du XIXe siècle, mais l'édition originale reste une source essentielle grâce à ses belles gravures sur bois. Ce sont ces dernières que nous reproduisons ci dessous. Les mêmes bois étaient souvent réutilisés plusieurs fois par souci d'économie. Nous les reproduisons tous, dans l'ordre, accompagnés de leurs légendes respectives.

 

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Contexte:

Charles le Téméraire est Duc de Bourgogne; il règne aussi sur le Luxembourg, les Pays Bas, la Franche Comté. Il rêve de réunir ses possessions en annexant la Lorraine du jeune René II, pour former une nouvelle Lotharingie située entre France et Empire. En 1473 René II cède et laisse à Charles une liberté de passage et des places fortes en Lorraine. René profite de l'absence de Charles, retenu à Neuss en Allemagne, pour dénoncer l'alliance bourguignonne, reprendre les places fortes, s'allier aux français et aux suisses. Charles réagit en occupant méthodiquement l'ensemble de la Lorraine sans rencontrer de grandes résistances...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Epilogue:

la victoire de René II Charles le Téméraire trouve ainsi la mort au pied des murailles de Nancy, le 5 janvier 1477. Les règles de la guerre de l'époque (que Charles avait lui même transgressé, avec la pendaison de Suffren de Baschi le Maître d'Hôtel) voulaient qu'un personnage important ne soit pas tué mais capturé et rançonné. Par ironie du sort, c'est un chevalier lorrain sourd, ne pouvant entendre Charles crier "sauve Bourgogne", qui mit fin aux jours du Téméraire.
Son corps sera retrouvé plus tard, pris dans la glace de l'Etang Saint Jean (près de la Commanderie du même nom, place de la Croix de Bourgogne) et à demi mangé par les loups. Il sera exposé dans une maison de la Grande Rue dont l'emplacement est indiqué depuis le XIXe s. par la date "1477" inscrite sur le sol. Ses soldats reposent toujours autour de l'église N.D. de Bonsecours, qui fut longtemps dénommée "chapelle des bourguignons".
La mort de Charles le Téméraire enterrine la fin d'un long rêve médiéval, celui d'un état fort qui servirait de tampon entre la France et le Saint Empire Romain Germanique. Les possessions rassemblées par le Téméraire sont partagées entre la France et l'Empire. Le duché de Lorraine entre dans l'histoire comme un Etat indépendant à partir de cette date de 1477.
Après la Bataille de Nancy, la Lorraine de René II devient une puissance militaire avec laquelle il faut compter (même si elle est de second plan); elle s'organise administrativement; elle met ses lois et coutumes par écrit; et elle reconstruit magnifiquement le centre symbolique du pouvoir, le Palais Ducal de Nancy.

 

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